"Lorsque j'étais une oeuvre d'art" d'Eric-Emanuel Schmitt

Eric-Emanuel Schmit : écrivain à la plume aiguisée nous fait découvrir le monde de l’art au-delà des strass et des paillettes.

« J’ai toujours raté mes suicides. » Vous l’aurez sans doute compris, ce roman raconte l’histoire d’un jeune homme qui n’a qu’un seul but dans la vie : se suicider. Mais avant qu’il ne passe pour la énième fois à l’acte, Zeus-Peter-Lama, grand artiste, lui propose de devenir célèbre et de lui appartenir entièrement. Le garçon part donc dans la luxueuse propriété de son bienfaiteur. Il ne le sait pas encore mais il sera bientôt prisonnier de son propre corps sous le nom « d’Adam. » Zeus-Peter-Lama veut en effet le transformer en véritable bête de foire. Il subit alors diverses opérations chirurgicales pour acquérir le statut d’œuvre. Il fait son entrée dans un monde où seule l’apparence compte. Le garçon se voit flatté par cette nouvelle notoriété mais il lui est interdit de parler, de sortir de la maison,  d’éprouver des sentiments, bref de vivre.

A travers ce livre aux multiples rebondissements que je laisse soin aux lecteurs potentiels de découvrir entièrement, Eric-Emanuel Schmitt nous pose deux questions. « Quelles sont les limites de l’art ? » Le personnage de Zeus-Peter-Lama est une caricature grotesque de l’artiste qui se laisse happer par la célébrité. Il n’est que chimère, l’art le fait subsister et non l’inverse. Il est prêt à tout pour s’approprier le prestige et la gloire, même à sacrifier la vie d’un innocent. Il se moque des bobos avec un bonheur non dissimulé.

La dignité de l’être humain est sans cesse remise en question. L’écrivain « dénonce » ce que les gens se permettent de faire au nom de l’art. Mais surtout, par l’intermédiaire d’Adam,  il dénonce les ravages que peuvent provoquer la différence physique, dans notre société plus que tolérante du 21^ème siècle.

Aude Dardenne